Chroniques d’une bedaine !
Voici le premier billet d’une série de je-ne-sais-trop-combien d’autres qui raconte les aventures d’une bedaine suivi en GARE (Grossesse À Risque Élevé). Comme ma vie ressemble étrangement à un feuilleton télévisé (américain) où tout ce qui arrive n’a même pas l’air d’être possible, j’avais envie de partager mes aventures avec vous. L’écriture est salvatrice, on le sait ! Ça me fait du bien d’écrire, ça me permet de passer à autre chose.
Alors voilà ! Au début de l’année, nous étions prêts, Laurent et moi, à y aller de l’avant avec notre projet de bébé #3. On s’était dit qu’on attendrait de voir comment se dérouleraient les choses après l’opération de Camille et comme tout s’est merveilleusement bien passé, nous pouvions y réfléchir plus sérieusement.
Aussi étrange que cela puisse paraître, l’histoire de cette grossesse commence exactement le même jour (23 janvier) que l’histoire de la mycobactérie de Laurent ! O_o Bien oui, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, me direz-vous ?
Ce jour-là, nous avions rendez-vous au CLSC pour nos vaccins, mais aussi chez l’acupuncteur pour mon premier traitement. J’étais très emballée ! Un petit moment de répit dans cette journée de fous (comme d’habitude !). Un deuxième traitement était prévu quelques jours plus tard (le rendez-vous devait coïncider avec la période d’ovulation). Ce fut un grand bonheur de constater que nos démarches avaient porté fruit du premier coup, comme pour la grossesse de Camille. <3
Au moment où je teste positif, Laurent a déjà commencé à tousser ! Nous pensons qu’il réagit au vaccin et nous ne nous inquiétons pas plus qu’il le faut de la situation. Un rhume, en hiver, c’est assez courant, disons !
Moi, je suis heureuse et je suis comblée : nous aurons enfin notre 3e petit bébé (je l’attends et je l’espère depuis des mois, ce petit bébé !). Ce qui me rend particulièrement fébrile pour cette grossesse c’est la date prévue d’accouchement : le 31 octobre 2014 ! Wow, je trouve ça cool ! Hi hi hi
Grossesse et enseignement (et un peu plus, encore !) :
Le lundi matin, j’apprends la nouvelle à quelques collèges ! Je ne désire pas informer tout de suite mes supérieurs, on aura bien le temps pour ça ! Malheureusement, deux jours plus tard, je constate que je perds du sang. Je demande à me faire remplacer tout de suite et je retourne à la maison pour me reposer. Je serai soulagée de voir que mes saignements vont s’arrêter dans la journée. Ouf !
Le lendemain j’ai rendez-vous chez le médecin et on remplit les papiers de CSST. Laurent, de son côté, voit aussi notre médecin de famille pour lui parler de ses étranges symptômes. On ira à l’hôpital pour sa radiographie et pour ma prise de sang. Nous sommes tellement loin de nous douter de la tournure des choses !
À l’école, on me dit qu’ils ne retirent plus les enseignantes. Bien sûr, je pense que dans ma situation le retrait est la meilleure solution (vu le diabète gestationnel), mais je me dis que si je dois rester, je serai heureuse de travailler, car j’aime beaucoup ma classe et l’équipe de travail !
Comme prévu, la décision est de me laisser en poste malgré cela, ils allègent mon enseignement (ils donnent 2 matières à 108 minutes à une autre enseignante et je ne fais plus de surveillances). Je suis contente ! Par contre, Laurent est de plus en plus malade. Il a reçu le diagnostic d’une possible Tuberculose au début de cette semaine-là et je m’inquiète énormément pour lui.
De mon côté, je dois déjà faire très attention à ce que je mange parce que mes glycémies sont élevées. Pour m’assurer que mon suivi débute le plus tôt que possible, j’écris à la cardiologue-pédiatre de Camille. Je pense qu’elle est la mieux placée pour faire la référence en clinique GARE. Tout se fait très rapidement et, dès ma 5e semaine de grossesse, on me convoque pour la rencontre de groupe. Je montre mon livret de glycémies à l’infirmière et nous commençons l’utilisation d’insuline (pour la nuit). Je lui dis que j’ai souvent des glycémies élevées le matin et midi, mais qu’il est très difficile pour moi de prendre des grandes marches ! Je dois faire déjeuner les enfants, habiller Camille et aller la porter à la garderie et être à l’école à 7h30 et le midi, je suis débordée par le travail !
Le stress est déjà très palpable à la maison. Les médecins ne s’entendent pas sur le cas de Laurent et celui-ci revient à la maison. Dans les heures qui ont suivi le diagnostic de Tuberculose « potentielle », les médecins ne sont pas certains, encore, si un traitement efficace est prévu pour la femme enceinte. Personne ne le mentionne comme tel, mais la doute de devoir mettre fin à la grossesse dans le but de recevoir un traitement antituberculeux plane et cela me rend plutôt anxieuse.
Au travers de tout ça, je tente d’enseigner. Mes collègues sentent que je suis fatiguée et mes élèves, aussi ! Je suis triste. J’aimerais être plus concentrée sur mon travail, mais j’avoue que je commence à trouver que tout cela est très lourd sur mes épaules. Je manque encore le travail pour aller à ma première rencontre en obstétrique.
Je rencontre d’abord l’infirmière et je peux me confier sur tout ce que je vis. C’est un petit moment de bonheur dans tout ce stress parce que cela me rappelle mes rencontres avec la sage-femme. Ce premier rendez-vous devait durer 2 heures, mais il a duré 5 heures. Oui, oui, 5 heures ! Comme j’ai eu des saignements, on me fait passer une écho et on me commande un vaccin WinRho ! (parce que je suis B-). Comme mon conjoint a une maladie bizarre possiblement contagieuse, on m’installe en confinement puis on me fait porter un masque.
Finalement, je rencontre l’obstétricienne et elle donne une pile de prescriptions pour mes suivis (échos et rendez-vous de toute sorte, de l’aspirine de bébé à cause des risques de prééclampsie et des pilules pour les nausées). Lorsque je pose la question pour la prééclampsie (je suis surprise, je n’en ai pas fait à mes autres grossesses), on me dit que je suis « vieillissante » (et trop enrobée, ce n’est pas dit comme de cette façon, bien évidemment ! ). Hé bien, ça va être du sport cette dernière grossesse !
La semaine suivante c’est la relâche et je me dis qu’un peu de repos ne sera pas de refus ! Ça ne se passera pas tout à fait comme ça. La situation de Laurent ne s’améliore pas ! Ils décident de l’hospitaliser. Mes nerfs sont sur le bord de me lâcher ! Je n’ai pas de garderie pour Maëlle puis j’ai encore un rendez-vous cette semaine-là. Je vis dans l’angoisse et je me trouve très impatiente avec les enfants. J’en profite donc pour passer quelques jours chez ma belle-mère pour pouvoir souffler un peu et me sentir moins seule (puis j’apporte notre lavage parce que la sécheuse a rendu l’âme!).
Lorsque je vais visiter Laurent à l’hôpital, on ne sait plus si on peut me faire entrer dans sa chambre (parce que je suis enceinte). J’attends donc la confirmation d’un des médecins et j’enfile le « kit » requis pour entrer dans la chambre à pression négative. Ça me soulage de le voir, mais je demeure inquiète pour sa santé ! Deux jours plus tard, les médecins pourront confirmer que ce n’est pas une Tuberculose, mais bien une mycobactérie et que cela n’est pas contagieux.
C’est une bonne nouvelle pour tout le monde (pour Laurent, ça ne change pas grande chose à son état, il est aussi malade ! ). Comme je retourne au travail le lundi suivant et que Malou reste avec papa, nous convenons qu’il serait préférable qu’il aille chez sa mère à la sortie de l’hôpital. Belle-maman pourra s’occuper de Maëlle qui n’a pas de garderie et Laurent sera entre bonnes mains dans un endroit calme. Sa maman lui promet de le remplumer un peu (Laurent a perdu 15 livres et il nous paraît très maigre ! ). (Merci du fond du coeur, Diane ! <3)
Je retourne à l’école et je communique avec l’infirmière qui a rempli ma demande de la CSST. Elle me dit que les recommandations de l’obstétricienne concernant le diabète de grossesse ne peuvent pas être prises en compte. Par contre, elle est surprise de me trouver à l’école : il est indiqué dans mon rapport que je dois être retirée momentanément lorsque l’indice grippal est élevé. Oh, surprise ! J’avais fait parvenir les papiers à la commission scolaire deux semaines plus tôt, mais personne n’a « vu » ça, même pas moi.
Je téléphone donc à la commission scolaire pour les mettre au courant. Finalement, on m’annoncera que je serai retirée pour le reste de l’année étant donné ma situation particulière. C’est un véritable soulagement ! J’avais beaucoup de difficultés à gérer mon diabète à l’école !
Quelques jours plus tard, je demanderai à ma mère de venir passer quelques semaines avec nous parce que je n’arrive même pas à faire toutes les tâches dans la maison. Avec les multiples rendez-vous de Laurent à l’hôpital ET mes multiples rendez-vous, il n’est pas rare que je passe 2-3 jours à l’extérieur de la maison. En plus de l’épicerie, des médicaments à aller chercher et du lavage que je dois trimballer partout, j’ai l’impression de faire le taxi tous les jours !
C’est une véritable bénédiction quand ma mère arrive pour m’aider ! Elle s’occupe du ménage, des repas, des enfants ! Je respire, enfin ! Merci, maman ! <3
(À suivre !)
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